Médecine et obésité : il faut changer les pratiques. Pourquoi ? Parce que le nombre de personnes souffrant d’obésité va prendre plus de 10 points dans les dix ans à venir et passer à 30% de la population française.
Médecine et obésité : il faut changer les pratiques. Pourquoi ? Parce que le nombre de personnes souffrant d’obésité va prendre plus de 10 points dans les dix ans à venir et passer à 30% de la population française. En 2030, pour la première fois dans notre pays, les Français en surpoids ou atteints d’obésité seront plus nombreux que ceux qui ne le sont pas. Le nombre de patients à prendre en charge va donc considérablement augmenter. Notre société et les médecins ne sont pas prêts à affronter cette situation. La prise en charge des patients atteint d’obésité est le véritable défi de santé publique à relever dans les années à venir. Près de 7 millions de personnes (1) attendent aujourd’hui que notre regard sur l’obésité change. Il est l’important de développer la culture obésité dans les études en santé et dans les lieux de soins. Et de revaloriser les métiers autour de l’obésité. C’est un sujet majeur. Il est impératif d’améliorer le parcours de soins des personnes atteintes d’obésité qui ressemble aujourd’hui à un parcours du combattant pour accéder aux diététicien.nes, aux psychologues, aux professionnels de l’activité physique adaptées ainsi qu’aux aides à domicile. L’idée de la Ligue contre l’obésité est de mettre en place des Centres de santé structurés, véritables guichets uniques pour les médecins, les patients et les familles afin de les orienter au mieux en fonction de leurs besoins.
   

Il faut développer l’obésitologie de ville

A ce jour, il n’y a pas de spécialité en obésitologie en médecine libérale. Développer cette formation fait partie des objectifs de la Ligue contre l’obésité. Pour organiser l’obésitologie de ville, la Ligue demande la création d’une consultation avec une nomenclature spécifique, ce qui, pour l’instant, n’existe pas. Les médecins généralistes resteraient bien évidemment le pivot de la prise en charge, mais en cas de repérage d’une fragilité, ils orienteraient le patient vers un pédiatre spécialisé ou un obésitologue, tout comme ils envoient leur patient chez un cardiologue en cas de problème cardiaque. Le travail des futurs obésitologues des Centres de santé de la Ligue n’est rempli, aujourd’hui, par aucune autre spécialité médicale. Et cela fait cruellement défaut. Il est évident, pour la Ligue, que les patients atteints d’obésité qui bénéficieront d’une évaluation globale de leur obésité et d’un suivi adapté auront une chance de réduire leur entrée en institution ou en chirurgie. Cette spécialité de l’obésitologie s’avérera très intéressante dans sa pratique puisque elle regroupera à la fois de la cardiologie, de la neurologie, de l’infectieux, de la rhumatologie, du digestif, de l’urgence… L’obésitologie doit être une médecine très humaniste où le lien aux autres et la qualité de vie serait au centre des préoccupations.
   

Taxer le marché de la minceur

Il est nécessaire de raisonner de façon globale et non organe par organe. Aussi, chez la personne atteinte d’obésité, il faut tenir compte de nombreux éléments comme les comorbidités, la iatrogénie médicamenteuse, l’alimentation, le niveau d’activité physique, la situation sociale. Enfin, pour renforcer l’information sur les cause et les traitements, la Ligue mettra en place dans ses Centre de santé des consultations de prévention à des moments de fragilité de la vie (adolescence, grossesse…) pour initier des mesures préventives et limiter l’empreinte de la maladie. Reste que tout cela à un besoin de financement : pourquoi ne pas attribuer une large partie des taxes du marché de l’alimentaire à la prise en charge des patients d’obésité ? Pourquoi ne pas taxer le marché de la minceur qui, sur la durée, fait plus de mal que de bien aux personnes souffrant d’obésité ? Pourquoi ne pas taxer les charlatans des régimes destructeurs ? Les moyens de créer cette spécialité de l’obésitologie existent. C’est désormais une question de volonté médicale et politique.

La Ligue contre l’obésité

(1) Source ObEpi-Roche 2012